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Auteur :  James Hendicott

Edition : Stephen Byrne

Date de sortie : Avril 2019

178 pages

 

Une fois n’est pas coutume, je vous propose de découvrir ici un livre en... anglais. Pas d’affolement, ce n’est pas Shakespeare et il ne faut pas un gros niveau pour l’aborder vu qu’il s’agit d’un thème qui nous est déjà connu.

 

Ce numéro de QVLD étant orienté Selecioun/CONIFA, je voulais aborder un ouvrage en rapport avec le sujet. Malheureusement, il n’y en a pas (ou peu) en langue française. J’aurais pu vous parler de « Football Club Geopolitics » de Kevin Veyssière mais il ne consacre qu’un chapitre (assez court) sur le sujet. Je suis donc parti outre-manche pour dénicher ce livre de James Hendicott qui revient sur la coupe du monde de la CONIFA organisée à Londres en 2018.

 

« CONIFA: Football For The Forgotten », le « foot pour les oubliés » tel que le précise le titre, un sujet qu’on a beaucoup abordé dans ce numéro. Sous forme de journal de bord de la compétition, James avance, journée après journée, en faisant découvrir les différentes sélections (et les histoires qui vont avec) et résumant l’ensemble des différents matches. Un vrai compte-rendu qu’on aurait pu mettre dans une rubrique Groundhopping tellement cela rejoint certains de nos écrits. C’est très agréable à lire car on avance petit à petit dans la compétition en se prenant au jeu. Cela vient surement du fait qu’il est assez facile pour un fan de foot de se projeter et de s’imaginer le long de la main courante en banlieue de Londres. Si certains sont intéressés, n’hésitez pas à vous signaler, je le prête sans soucis, tout comme de nombreux autres ouvrages (Il faut vraiment mettre en place la bibliothèque QVLD…)

 

Bien évidemment, vous en avez l’habitude, on aime bien interroger l’auteur d’un ouvrage qu’on présente, afin qu’il nous raconte tout ce qu’il y a derrière ce projet. Et ça tombe bien, James a accepté très rapidement notre requête. C’est donc la troisième interview d’un anglais dans ce zine… Rien ne va plus…

 

L’histoire des sélections citées dans le livre et dans cette interview sont à retrouver dans la rubrique Groundhopping de QVLD #7

CONIFA: Football For The Forgotten

Bonjour James, merci d’avoir accepté de nous répondre. Avant d’aborder ton livre, est-ce que tu peux te présenter ? Quelle est ton histoire en tant que supporter de foot ?

J'ai grandi en suivant Aston Villa, notamment en ayant un abonnement durant plusieurs années, ainsi que mon équipe locale amateur Salisbury City, toutes deux en Angleterre. Je vis en Irlande depuis 13 ans maintenant - ma femme est irlandaise - et cela a beaucoup changé mon approche du football. J'aime le glamour du football de haut niveau, mais j'ai toujours aimé les niveaux inférieurs et les équipes qui ont une vraie signification derrière elles aussi. Depuis que j'ai déménagé en Irlande, par exemple, je regarde très régulièrement des équipes irlandaises de troisième ou quatrième rang qui comptent généralement un public d’environ 40 ou 50 personnes, et j'aime autant ça que regarder des équipes professionnelles. Je privilégierai toujours les matches au stade plutôt que ceux à la télévision si j'ai le choix, quel que soit le niveau.

Bien que je reste un fan dévoué d'Aston Villa, une grande partie de mon expérience footballistique de ces dernières années a été consacrée à regarder des équipes et des tournois avec des antécédents politiques et sociaux clairs qui les rendent plus intéressants. En plus d'assister au tournoi CONIFA, par exemple, j'ai assisté à des tournois comme les Island Games et j'ai regardé des équipes comme Sankt Pauli, Corée du Sud contre Corée du Nord, Irlande contre Irlande du Nord et des équipes cultes comme les Bohemians ici à Dublin. Je suis également membre du Clapton CFC à Londres, même si je ne les ai jamais vus jouer, car ils représentent la façon dont je pense qu'un club de football devrait être dirigé - par les fans, et représentant fortement leur identité. Je suppose que mon soutien maintenant est un mélange entre passion pour le jeu et de conviction que le football - ou plus précisément ce qui se passe en dehors du terrain - peut être quelque chose de mieux, et que sa base appartient vraiment aux gens qui le regardent, pas aux entreprises , les annonceurs ou les riches.

 

En 2018, la troisième édition de la coupe du monde de la CONIFA a donc lieu à Londres. Comment est-ce que tu t’intéresses au sujet au départ ? Quand apprends-tu l’existence de la CONIFA ?

J'ai d'abord entendu parler de la CONIFA en lisant via un club que j'aime, St Pauli, basé à Hambourg en Allemagne. Bien avant que la CONIFA n'existe, ils ont organisé un tournoi pour des équipes comme Zanzibar et le Tibet, et j'ai commencé à lire sur ces équipes et j'ai découvert la CONIFA. Je pense que le sujet m'a intéressé particulièrement parce que je suis une personne assez « politique » (j’ai fait des voyages à la fois à Zanzibar et à McLeod Ganj, où vous trouverez le gouvernement tibétain en exil en Inde), et la représentation des minorités par le sport est vraiment un concept intéressant. Quand j'ai entendu parler de la CONIFA, cela m'a donc immédiatement intéressé, en partie parce que je savais depuis longtemps que les plus grandes instances dirigeantes du football traitent ce genre d'équipes sans beaucoup de respect.

Stade de Hayes Lane à Bromley (nord de Londres) le soir du match d’ouverture

Tu prends donc la direction de Londres. Est-ce que dès le départ tu y vas avec l’idée d’en faire un livre ou est-ce que ça vient au fur et à mesure ?

Je suis allé à Londres avec le livre déjà prévu. J’avais fait des pré-ventes et les deux cents premiers exemplaires été déjà vendus, ce qui m’a donné une encore plus grande motivation ! J'avais décidé peut-être six mois plus tôt que je ferais un livre basé sur le tournoi, et ayant déjà été du côté médiatique des événements sportifs, je savais que j'aurais du mal à obtenir toutes les histoires de fond dans les neuf jours du tournoi. Pour cette raison, j'ai commencé à approcher les équipes en amont et j'ai également fait des entretiens approfondis avec les organisateurs. J'avais interviewé des représentants de presque toutes les équipes avant d'aller à Londres et je connaissais déjà assez bien les organisateurs. Je suis content de l'avoir fait de cette façon, car cela signifiait que je pouvais profiter davantage de l'expérience à Londres et me concentrer sur les matches et les fans, puis sur d'autres personnes que je ne connaissais pas encore mais que j’allais forcement rencontrer. Par exemple, on retrouve dans le livre des passages où j’ai pu consacré du temps aux ultras du Szekelyland, à assister au leader « de facto » de la Kabylie se présenter au match de sa sélection à Enfield (avec la réaction de la foule accompagnant sa présence), ou encore m'asseoir avec l'équipe passionnée de commentateurs du Panjab pendant leur matches de groupe. Cela signifiait également que mes interviews étaient différentes de celles de tous les autres journalistes du tournoi - j'ai assisté à toutes les conférences de presse, mais j'avais déjà eu les histoires avec encore plus de détail en amont sans la pression du temps ou les questions sur les matches.

Kabylia fans party in the stands at Enfield Town, as their side play Western Armenia.jpg

Supporters de la Kabylie dans les tribunes du stade d’Enfield Town, lors du match contre l’Arménie de l’Ouest.

Comme toutes compétitions il y a aussi des polémiques. Ici, celle-ci concerne Ellan Vannin (l’île de Man). Tu peux nous la raconter en quelques mots ?

Oui, le cœur du différend impliquant Ellan Vannin est vraiment une question des limites complexes de fonctionnement de la CONIFA. Ellan Vanin était très en colère et s'est finalement retiré du tournoi, car ils estimaient que le joueur clé de leurs adversaires de groupe, Barawa, un gars appelé Mo Bettamer, n'aurait pas dû être autorisé à jouer. Bettamer est un joueur assez sérieux, un ancien attaquant international libyen, et il a marqué un but contre Ellan Vannin lors du dernier match de groupe qui les a effectivement éliminés du tournoi (bien que personne ne soit éliminé en tant que tel. Dans la CONIFA, chaque équipe joue six matches pour décider d'un classement final, mais Ellan Vannin ne pouvait plus gagner le tournoi).

 

Le problème était qu'Ellan Vannin pensait que Bettamer avait été enregistré trop tard, en fait après le premier match de Barawa, et ne devrait pas être autorisé à jouer car il n'était pas membre de leur équipe. Dans le football international normal, ils auraient raison, bien sûr. La difficulté est que la CONIFA a toutes sortes de problèmes liés aux visas et à la disponibilité tardive des joueurs, ce qui signifie que les listes d'équipes ne sont pas la même liste stricte qu'elles le seraient lors d'un tournoi professionnel, et la CONIFA a permis à plusieurs équipes d'apporter des modifications tardives, ironiquement y compris Ellan Vannin. Celui de Barawa était tout simplement plus tardif que les autres.

 

Le changement a peut-être été trop tard, mais personnellement, j'ai pensé que c'était juste, car c'est la nature du football à ce niveau, de même que toutes les autres équipes de la compétition à part Ellan Vannin. En fait, Barawa a proposé de se retirer du tournoi en signe de bonne volonté, mais l'organisation a rejeté cette offre.

Tu peux nous citer trois bons souvenirs de cette compétition ?

La convivialité et la positivité de tout cet évènement m'ont marqué dès le premier match. Mes moments préférés sont difficiles à choisir, mais incluent probablement une rencontre amusante que j'ai eue avec des ultras hongrois soutenant le Szekelyland - ils ont brûlé mes lacets en discutant en termes assez durs du système politique hongrois. Les deux demi-finales, Szekelyland contre Karpatalya et Northern Cyprus contre Padania, étaient toutes deux des matches de football merveilleux et passionnés. Et de voir les joueurs de Matabeleland danser sur le terrain de Sutton United, où ils ont vu pour la première fois du faux gazon une demi-heure avant le coup d'envoi, avec leur compatriote Bruce Grobbelaar et en étant fière (malgré la défaite contre Padania) lors de l'ouverture. Cette journée était vraiment spéciale. Ils ont remercié chaque personne dans la foule individuellement d'être venu les voir.

Szekely Land fans in Haringey Borough, for the game against Matabeleland.jpg
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Supporters du Szekelyland dans le stade d’Haringey Borough,pour le match face au Matabeleland

Padania and Matabeleland walk out at Gander Green Lane, Sutton ahead of their Group A game

Padanie et Matabeleland au stade de Gander Green Lane à Sutton

Northern Cyprus and Abkhazia line up for the anthems in Enfield.jpg

L’Abkhazie et Chypre du Nord pendant les hymnes

A l’inverse, est-ce que tu peux nous en citer trois mauvais (ou moins bons) ?

La situation d'Ellan Vannin a laissé un goût amer, car je sentais que c'était en dehors de l'esprit de la compétition, qu'ils étaient de mauvais perdants, pour être honnête. La finale a été une grande fête, mais en termes d'excitation du match, probablement l'un des pires matches du tournoi auquel j'ai pu assister, ce qui était décevant mais peut-être typique. J'ai aussi repéré un joueur avec un tatouage à croix gammée. Je ne mentionnerai pas l'équipe pour laquelle il a joué, mais ce n'était pas une équipe ayant un lien avec le bouddhisme, donc je pense que cela avait la signification européenne la plus commune. Je préférerais ne pas voir ce genre de chose.

The Tibetan players delighted the crowds despite losing 3-0 to Abkhazia.jpg

Est-ce qu’il y a une sélection que tu aimerais mettre plus en avant qu’une autre ?

Politiquement parlant, je pense qu'il est catastrophique que Tuvalu ne soit pas reconnu par la FIFA, étant donné qu'ils sont reconnus par les Nations Unies. C'est purement un exercice de réduction des coûts. Pour ce qui est de leur passion, cependant, j'orienterais les gens vers le Matabeleland et la Kabylie. De merveilleuses équipes jouant pour quelque chose en quoi elles croient fermement. Le Tibet est aussi un peuple adorable, bien que peu divertissant à regarder parce qu'il est assez zen à l'idée de gagner !

Les joueurs du Tibet saluant la foule après une défaite 3-0 contre l’Abkhazie

Un mot sur la finale qui a opposé Karpatalya à Northern Cyprus ?

Ce n'était pas un bon match. On qualifie ce genre de rencontre de "cagey" en argot de football anglais, quand les deux équipes ont peur de perdre. En fin de compte, ils se sont annulés les uns les autres et le gardien de Karpatalya leur a fait gagné le match contre une équipe de Chypre du Nord sérieusement professionnelle. Les foules ce jour-là étaient vraiment spéciales, cependant, et cela était positif.

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Finale de la CONIFA au stade d’Enfield Town FC opposant Karpatalya à Chypre du Nord

Parlons de la CONIFA plus en particulier, pour toi, quelle est la meilleure définition de la CONIFA ?

La plus simple, je suppose : c'est le football international pour ceux qui ne se sentent pas représentés par un pays actuel de la FIFA. Dans le passé, cela aurait pu inclure le Kosovo ou Gibraltar. Parmi les équipes actuelles, c'est le plus clair avec Chypre du Nord, le Tibet et Tuvalu. En fin de compte, les habitants de Chypre du Nord se considèrent principalement comme des Chypriotes du Nord, et non comme des Chypriotes turcs ou grecs, et la CONIFA est l'occasion de jouer sous le drapeau qui, selon eux, les représente vraiment. Quand vous voyez l'émotion dans ces jeux, cela prend tout son sens très rapidement, pour certaines personnes, enfiler ce maillot est l'ambition d'une vie. Il y a tellement de complexités au-delà de cela, mais en fin de compte, c'est de cela qu'il s'agit.

Tuvalu at the Opening Ceremony of the CONIFA World Football Cup, Hayes Lane, Bromley.jpg

La sélection de Tuvalulu lors de la cérémonie d’ouverture

Il est difficile de faire abstraction de l’aspect politique. La sélection du Comté de Nice n’a pas de revendication particulière, mais pour certaines, il y a de vrais enjeu. Comment est-ce que tu qualifierais la place de la politique au sein de la CONIFA et de ses compétitions ?

Je pense que la CONIFA travaille très dur pour dire qu'ils ne sont pas politiques, mais ce qu'ils veulent vraiment dire par là, c'est qu'ils ne veulent pas s'impliquer dans la politique, ou que leurs équipes l'apportent trop explicitement sur le terrain avec eux. L'idée que le sport international puisse être apolitique est ridicule pour moi, pour être honnête. Vous représentez littéralement une instance politique internationale.

Il est évident à quel point ces entités sont politiques, car leur existence même suscite une réaction politique. À la fin du tournoi à Londres, les gouvernements de Chine, d'Ukraine et de Chypre avaient tous quelque chose à dire sur les différentes équipes impliquées, et une demi-douzaine d'autres gouvernements sont intervenus, sans succès, dans les activités de la CONIFA au fil des ans.

Tant que la CONIFA fait un travail solide pour admettre des équipes malgré leur politique, sur la base de critères équitables, et maintient les campagnes politiques hors du terrain, c'est le mieux qu'ils puissent vraiment faire pour rendre quelque chose comme ça « apolitique » à mon avis. Ils essaient de ne pas être un véhicule de campagne, et je pense qu'ils ont été raisonnablement efficaces à cet égard. D'autres pourraient être en désaccord.

Effectivement à la fin du livre et de la compétition, on sent qu’il y a des complications à plusieurs niveaux, certains d’ordres politiques, d’autres avec des sélections qui risquent de quitter la CONIFA. L’EURO qui devait avoir lieu cette année à Nice a dû être annulé pour raison sanitaire, comment est-ce que tu vois l’avenir de la CONIFA ?

Je suis un peu inquiet pour l'avenir, car je pense qu'il y a quelques problèmes qui arrivent. En particulier, il y a un désaccord au sommet de l'organisation sur l'équilibre entre les opportunités commerciales et la représentation qui a entraîné le départ de certaines des personnes les plus politiques au sommet de la CONIFA. Je pense qu'une fois qu'ils commenceront à donner la priorité à l'argent, l'organisation pourrait perdre ce qu’elle a de « spéciale », mais nous verrons.

Le principe est solide, mais pas sans autres problèmes non plus. Il y a un risque, par exemple, que des organisations plus viables financièrement mais se sentant moins « authentiques » deviennent la priorité. Sans vouloir offenser qui que ce soit, les préoccupations des Tuvalu ou de Chypre du Nord en matière de représentation nationale ont certainement plus de légitimité qu'il n'y en a dans le Yorkshire ou le comté de Nice, et il est important que l'organisation se souvienne de ça et qu’ils existent pour ça. J'espère qu'ils le feront, mais d'autres non, à tel point qu'une organisation dérivée appelée World Unity FA a démarré l'année dernière. Lorgnant sur cet espace, je suppose.

Je te propose de terminer en citant quelques mots rapidement sur chacune des sélections présentes :

Karpatalya… Une équipe très efficace, jeune, technique qui méritait de gagner. Ils ont été confrontés à de sérieuses retombées politiques en Ukraine après le tournoi, et je suis désolé pour eux.

Northern Cyprus… Méga-équipe non-FIFA. Je les plains pour leur manque de statut dans le football européen. Des gens sympathiques et exubérants.

Padania… Très professionnel avec un ancien joueur de niveau Ligue des champions comme capitaine. Je ne suis pas tout à fait convaincu qu'ils aient coupé leur lien avec l'extrême droite Lega Nord.

Szekely Land… Des fans follement passionnés et une grande équipe de football physique et agressive.

Panjab… Un concept merveilleux - ils unissent des cultures indiennes et pakistanaises traditionnellement hostiles - et une grande opportunité pour un groupe sous-représenté dans le football. Ils jouent bien aussi.

Cascadia… Un concept un peu fou - une "biorégion" - mais passionné par ce qu'ils sont, des footballeurs décents et de beaux maillots.

Western Armenia… Pas une bonne équipe, un peu jeune et naïve, mais très amusante.

Barawa… Les hôtes à Londres, une équipe vraiment sympathique gênée par la disponibilité des joueurs à Londres.

Abkhazia… L'équipe la plus soviétique qu'on puisse imaginer. Un peu sévère mais amusant avec, de très bons joueurs techniques du haut niveau russe.

Kabylia… L'équipe avec un parcours vraiment dangereux pour jouer en finale, même jouer était un exploit, était fière d'elle-même.

United Koreans In Japan… Le tournoi calme les hommes. Une unité défensive très efficace avec très peu de flair offensif, réunissant des éléments nord et sud-coréens.

Tibet… Un beau groupe de personnes qui jouent avec toute l'âme que l'on attend du Tibet et de sa philosophie de paix. Fougueux et gentil.

Matabeleland… Une histoire incroyable de surmonter l'adversité économique pour former une équipe qui a dansé tout au long du tournoi. Incroyablement sympathique.

Tamil Eelam… N'a pas eu beaucoup d'impact sur Londres, mais beaucoup de potentiel.

Tuvalu… Le seul « pays » presque universellement accepté dans le tournoi, Tuvalu devrait être dans la FIFA, mais ils ne sont pas autorisés à entrer en raison du manque d'installations. Intéressant à regarder car leur approche est méconnaissable à la stratégie de football typique. Très naïf, mais très amusant.

Ellan Vannin… Une équipe forte qui, selon moi, s'est laissée aller lorsque le dernier match de groupe ne s'est pas déroulé avec une protestation un peu cruelle.

 

James, merci beaucoup pour tes réponses, je te laisse conclure avec le mot de la fin…

J'encouragerais simplement les gens dans le cadre de leur amour du football, juste à réfléchir à ce que vous voulez que le football soit, et bien que vous deviez absolument suivre votre propre équipe, à penser à suivre des équipes à un niveau inférieur qui représentent aussi quelque chose de positif. Ils ont besoin d'aide, et c'est bon pour le sport. Et si vous lisez mon livre, venez me dire bonjour sur Twitter et dites-moi ce que vous en pensez. Je suis @jameshendicott.

Ton livre est plutôt facile à lire car il avance, journée après journée, tout au long de la compétition en y ajoutant des histoires et des anecdotes. J’aimerais qu’on revienne sur toutes ces histoires qui font le charme de cette compétition. Quelles sont celles qui t’ont le plus marqués ?

Je pense qu'il y en a deux qui se démarquent vraiment. La Kabylie, qui représente une minorité berbère en Algérie, a dû lutter contre une opposition assez ferme dans le pays pour être autorisée à jouer. L'entraîneur a été arrêté à plusieurs reprises, et l'équipe qui a été sélectionnée pour jouer à Londres est restée anonyme jusqu'à très tard en raison du risque potentiel de voyager pour la compétition. La plupart d'entre eux étaient des émigrés, non basés en Algérie, mais c'est un groupe avec un héritage footballistique sérieux. Zinedine Zidane, Karim Benzema et Samir Nasri seraient tous éligibles, théoriquement. C'était formidable de les voir se heurter à ce niveau d'opposition.

Le Matabeleland, qui représente une minorité réprimée par Mugabe au Zimbabwe, est une autre belle histoire. Ils étaient dirigés par ce directeur anglais itinérant fou appelé Justin Walley, qui a passé neuf mois à les entraîner à un niveau très bas et à collecter beaucoup d'argent pour finalement les amener à Londres. C'était très difficile financièrement. Ils ont fait tout cela dans un contexte de perte de pouvoir de Mugabe dans leur pays et ont joué avec une véritable passion. C'était un miracle qu'ils y soient arrivés.

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